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cinéma !… cinéma !…

— De quelques millions…

Trois cris d’horreur s’échappèrent de la gorge des trois malheureux qui l’écoutaient. Était-ce possible ! leur fils avait soustrait une somme pareille, et qu’en avait-il fait ? Claudine, les yeux dilatés, contemplait ce frère qui prenait figure de bandit.

Ce qu’elle voyait là, était-ce réel ? Non, elle assis­tait sans doute à une scène de cinéma, où un gang­ster était traqué par la police. Oui, c’était cela ! Ah ! elle en avait vu de ces drames qu’elle fuyait, mais qu’elle supportait quand ils s’intercalaient au milieu de scènes plus humaines et plus douces. Oui, c’était bien là le jeu du bandit qu’on allait prendre dans quelques instants pour lui passer les menottes.

Le regard de Claudine était celui d’une hallucinée et elle attendait le dénouement, les yeux fixés sur cet artiste qui jouait son rôle à la perfection.

La bravade se lisait dans ses regards et la fureur dans sa bouche grimaçante. Ses membres ployés se ramassaient sous le coup qui allait les frapper.

Le père parla :

— Je vais aller te livrer à la police. Je ne cacherai pas un voleur chez moi !

— Tu ne feras pas cela ! hurla Maxime.

— Mon ami, réfléchis : notre devoir est de sauver notre enfant.

— Il n’est plus notre enfant.

Claudine eut un cri de bête. Ce n’était donc pas un film ? C’était bien là son frère qui s’accusait ?

Ses nerfs ébranlés ne purent supporter une telle ré­vélation, et, raidie, elle tomba sur le parquet. Sa mère s’empressa autour d’elle, la porta dans sa chambre pour revenir en disant :

— Ce n’est rien que l’émotion.

M. Nitol se prépara à sortir, mais Maxime le retint, les forces décuplées par la peur et le désespoir.

— Pense à ce qui m’attend ! Je suis complice d’une bande qui te tuerait, quand on apprendra que tu m’as