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cinéma !… cinéma !…

entre son mari et son fils et elle ne soupçonnait pas le degré de culpabilité où était descendu son enfant. Elle pensait que tout se bornerait à un vol facilement réparable et que leur fils s’amenderait. De bons prin­cipes devaient encore subsister en lui.

Elle avait confiance et pensait que le destin ne se­rait pas implacable. Tout le désordre qui régnait cette nuit serait effacé par la main puissante qui rétablit les rouages nettement dans leur engrenage.

Son âme était douloureuse, parce que le martyre de son mari la crucifiait. Comment pacifier cette cons­cience si cruellement atteinte ? Ah ! que Dieu vînt à leur secours et leur montrât une éclaircie dans ce ciel d’orage !

La nuit cependant se passa sans autre secousse.

Personne ne frappa à la porte, et ce matin de décembre fut pareil aux autres matins. Lever avec l’électricité et départ de M. Nitol, courageux pour son bureau.

Il ne voulut pas voir Maxime, et Mme Nitol en fut soulagée. Elle craignait de nouveaux mots de colère.

Claudine vint, comme un spectre, s’asseoir à la table du petit déjeuner. Son aspect était tragique, parce qu’elle devinait, elle, jusqu’où son frère était descendu dans le vice. Elle savait qu’il avait toute honte bue, et que rien ne l’arrêterait pour jouir des superfluités de la vie. Il s’accoutumerait au danger et deviendrait un récidiviste du vol. Claudine tremblait dans une peur qu’il n’en vînt au crime. Une grande pitié la portait vers ses parents et elle formait des souhaits pour que leurs jours, au seuil de la vieillesse, ne fussent pas entachés par une honte plus cruelle.

— Mange, Claudine.

— Oui, m’man.

— Iras-tu à l’atelier ?

— Je le crois.

— Il faudra arranger ton visage, parce que tu es blafarde.