Page:Fiel - Cinéma! Cinéma!, 1953.pdf/84

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
cinéma !… cinéma !…

nous, ma pauvre femme, mais ne vaut-il pas mieux le savoir hors de la vie, que de passer nos dernières années à trembler pour lui ? C’est une grande conso­lation pour nous. Je pense aussi que ce sera une grande leçon pour Claudine.

Dans la salle à manger, la jeune fille ne cessait de pleurer. Des soubresauts nerveux accompagnaient ses larmes et elle était terrifiée par la Justice qui s’était abattue subitement sur Maxime. Fanfaron, une heure auparavant, le destin le guettait pour le transformer en un être rigide.

Naturellement, Claudine ne pensait plus à l’atelier. Elle décida de prier le concierge d’aller chez Mme Her­minie. Le brave homme, fort agité, ne pouvait rester en repos et il acquiesça bien volontiers à cette re­quête. À la fin de la matinée, Mme Herminie vint ap­porter ses condoléances à la mère en larmes.

Elle fut très émue par la douleur qu’elle lui vit, mais elle ne pouvait deviner cependant combien cette douleur, de minute en minute, se muait en un acte de reconnaissance envers le Ciel.

Mme Herminie ne resta pas longtemps. Elle embrassa Claudine en lui recommandant de se soigner et en lui disant qu’elle se passerait de ses services aussi longtemps qu’il le faudrait.

Puis les jours glissèrent. Les fêtes de Noël et du premier de l’an égrenèrent leurs heures et l’année commença dans la clarté d’une aurore plus lumineuse. À dire vrai, Claudine était la plus soulagée, car elle connaissait les visées et les projets de son frère, pour qui elle tremblait toujours depuis qu’il lui avait offert cette écharpe acquise par vol, et qu’elle avait entendu l’exposé de ses buts.

Une détente se produisait dans son esprit, et sa jeunesse triomphait de la douleur que cette mort appor­tait. Elle voyait aussi ses parents reprendre leur norme, et, sans qu’elle fût avertie par eux, elle devi­nait leurs pensées adoucies. Une sérénité courait sur