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Mon cœur battit à grands coups. L’instant décisif approchait.

— Je cherche une femme compréhensive, possédant une petite fortune que je placerais dans cette fabrique de soierie dont je viens de vous parler. Je ne suis pas cupide et, si ma femme possédait seulement deux cent mille francs, je serais heureux.

Je respirai. En somme, j’avais à côté de moi un honnête homme qui ne cachait pas son jeu. Je suivais fort bien sa pensée. Un industriel ne peut épouser une jeune fille sans argent. Pour qu’un négoce puisse se consolider et s’étendre, il faut des capitaux nouveaux. Que de fois avais-je entendu dire par ces messieurs du bureau : « Avec tant et tant, on pourrait acheter ou renouveler tel outillage, ce qui augmenterait le rendement. »

Mon estime pour René Déflet s’accrut. Il n’invoquait pas, lui, des arguments stupides à la Gustave Chaplène. Sa franchise s’appuyait sur des désirs raisonnables.

Je pensai qu’il me serait facile de prendre quelques renseignements à Lyon sur la Maison Déflet. Et j’exultai en songeant que je révélerais un jour à mon compagnon que je possédais un million. Quelle surprise serait la sienne ! Il m’avait remarquée sans savoir que j’étais riche. J’étais sûre d’être aimée pour moi-même.

Je repris, en feignant de mon mieux l’indifférence :

— Il me semble qu’il ne vous sera pas extrêmement difficile de découvrir la jeune fille de vos rêves.

René lança vers moi un coup d’œil amusé :

— Le croyez-vous vraiment ?

-J’en suis persuadée. Ce que vous souhaitez est

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