rôle fut dévolu au quatrième des fils. Ce fut un amusement inattendu de le travestir. Naturellement, on lui essaya des vêtements féminins dès qu’on sut quelle personne il incarnerait. Il était frais, avec un visage fin. Ses yeux étaient bleus, candides, et quand il apparut, dans sa robe et sous sa perruque blonde, on l’applaudit.
Puis, le travail commença. On répétait ferme, et comme la pièce était gaie, on ne trouvait pas pénibles ces heures d’assiduité.
Legrise avait voulu jouer, mais il ne savait jamais ses répliques qu’il mélangeait. Sous prétexte de dissimuler sa paresse, il incitait ses partenaires à se tromper pour les faire rire. Quand Jean racontait les incidents grotesques ou fatigants auxquels sa conduite donnait lieu, Nil se félicitait de ne pas faire partie de la troupe.
D’ailleurs, comme il le disait justement, il fallait aussi des spectateurs.
Enfin, Legrise fut écarté et les acteurs purent se livrer en toute liberté à la fantaisie que comportait leurs rôles.
Malheureusement, le jeudi et le dimanche, Nil avait Legrise à lui seul et ce dernier en profitait pour le cribler de sarcasmes, mais la philosophie du jeune garçon résistait fort bien à ces attaques.
Il se disait une journée passe vite, et sa griffe lui rappelait la méchanceté de son camarade, il pensait qu’il ne se livrerait plus à de pareilles extrémités en songeant qu’il n’avait pas été dénoncé.
Il voulait le croire, non tout à fait dénué de cœur.
Un mercredi soir, M. Tradal dit à Nil :