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Les grêlons ont pilé les fleurs qu’on a ramassées à la pelle pour les jeter dans l’alambic pour faire de l’essence.

— Vous blaguez !

— Pôvre de moi ! blaguer ! Vous ne me connaissez pas !

Louis Terla ne répondit plus rien et poussa son chariot. Marius eut encore à s’étonner devant tout ce qu’il découvrait, et oubliait un peu qu’il était à plus de 200 mètres sous terre. Il s’en souvint tout à coup et une cloche qu’on agita comme un signal quelconque, lui produisit l’effet d’un glas. Il se précipita dans la partie où il avait laissé son oncle et s’enfila dans une galerie où des hommes complètement nus travaillaient dans une chaleur tropicale.

Il se sauva ahuri, poursuivi par les éclats de rire des ouvriers. La sueur perlait à son front.

« J’ai cru que j’entrais en enfer » murmura-t-il, mais où trouver mon oncle ?

Il erra et finit par l’apercevoir qui remettait sa veste.

— On s’en va ?

— Oui, mon garçon.

— C’est dommage ! lança Marius non sans aplomb, quand, au fond, il était soulagé de quitter la mine. Il ne fut pas long à reprendre place dans la cage et des ouvriers sourirent quand ils le virent se ruer dans la benne. Il montrait inconsciemment son impatience.

En route, il dit :

— Je pense que la montée se fera sans encombre, c’est puissant, ces élévateurs.

Au même instant, l’appareil s’arrêta, Marius blêmit.

— Quoi ! qu’est-ce qu’il y a ?

— Comment voulez-vous qu’on sache !

— Cela arrive souvent la panne ?

— Quelquefois !

— Ça ne devrait pas arriver pour des pauvres martyrs qui travaillent sous la terre ! La Bonne Mère ne devrait pas permettre cela ! glapissait Marius, la peur aux entrailles et les dents claquantes. On ne peut pas appeler ? Ce n’est pas que je craigne quelque chose, mais j’étouffe parce que je n’ai pas l’habitude.

— Oui… oui… dit un vieux, tu sais bien parler mais ta figure sait encore mieux que toi, on lit dessus comme dans un journal.