Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/110

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— Ah ! ah ! tu as vingt-trois ans, c’est de notre âge… Seulement, il faudra que tu finisses par te marier, sans quoi tu auras beau rêver, tu t’étioleras.

Christiane qui n’entendait plus parler de Robert répliqua péremptoirement :

— Je ne t’ai pas dit que j’envisageais ce but !

— Tu es libre, tu es seule… Que veux-tu faire de la vie que tu as entre les mains ? Tu connais mes théories, je te les répéterai sous une forme lapidaire : Marie-toi…

Après ces exhortations, le trouble saisissait Christiane et elle songeait longuement au parti qu’elle prendrait.

Quand elle voyait Mme  Fodeur, elle se sentait plus calme parce que dominée. Là, elle obéissait à une direction en allant de misère en misère, de taudis en taudis. Elle rentrait harassée le soir, l’esprit illuminé d’avoir donné, et le cœur tranquillisé par la tâche remplie.

La veuve lui vantait les avantages du célibat lui disant que seule, l’indépendance permettait de se consacrer aux pauvres, et que l’existence, si courte, devait pour les âmes prédestinées, se passer de mariage.

Elle évoquait les hautes figures des saints.

La jeune fille lui donnait raison et se haïssait de se sentir si terrestre, mais elle éprouvait bientôt sous cette parole qui, de berceuse deve-