Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/120

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Ce soir-là, elle regretta beaucoup que son fiancé ne vînt pas. Elle avait besoin de sa présence.

Mais il était tenu de se rendre à un conseil d’administration, ce qu’il déplorait.

À dire la vérité, Robert et Christiane auraient voulu supprimer tout ce qui n’était pas eux. L’amour procède de l’égoïsme et c’est là son sentiment dominant. Mais quand il s’agit de deux cœurs qui se découvrent les défauts sont qualifiés de vertus. Ils ne sont appelés défauts que par celui qui est trahi.

N’attendant pas son fiancé, elle voulut lire pour tromper son ennui, mais, le cœur rempli de la pensée d’un autre, elle ne put fixer son esprit sur des héros imaginaires.

Le livre fut vite délaissé pour la rêverie.

Le timbre de l’entrée l’interrompit. Christiane tressaillit de joie, mais son oreille exercée perçut que ce n’était pas Robert.

Une étrange impression s’empara d’elle. Était-ce de la peur ?

Pendant quelques secondes son âme tournoya dans un cercle obscur, où elle cherchait une issue.

Elle n’eut pas le temps d’approfondir les causes de ses sensations.

Bertranne Fodeur entra.