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se rappelant une réunion de bienfaisance, elle s’y rendit. Elle portait sur son visage une ombre qu’elle ne soupçonnait pas, concentrant son énergie à paraître sereine, mais Mme Fodeur s’aperçut de son trouble.

Cette réunion n’était pas nombreuse. Quelques personnalités s’étaient rassemblées pour discuter de l’opportunité d’un local plus vaste, les conférences, fort suivies, nécessitant plus d’espace.

Il y avait là les membres les plus âgés et les plus en renom. Par une faveur spéciale, Christiane y était priée, parce que sa fortune et son immense offrande lui valaient des égards particuliers.

Huit des bienfaiteurs examinaient la question. Parmi eux, un seul homme, timide, effacé, dont on demandait l’avis avec une déférence très soulignée. C’était un des piliers de l’œuvre.

La personne qui paraissait la plus prépondérante comme autorité était une femme d’une soixantaine d’années. Elle laissait d’abord les autres parler ; puis, de sa voix nette, elle tranchait d’une manière précise, avançait ses arguments et gagnait la partie. Ses yeux, brun foncé, jetaient des éclairs. Les traits assez grossiers se rachetaient par une denture impeccable et des cheveux noirs sans un fil blanc.

C’était une célibataire qui professait pour le mariage un mépris incohérent Elle prétendait que le mariage était réservé aux mentalités