Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/131

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lui permettent pas de lui laisser une vie oisive. Nous prenons sur notre capital et il faudra que cette pauvre petite récupère toutes ces brèches. Elle a tant de cœur, tant de vie, et serait si digne d’un foyer… Elle a de belles qualités, sans avoir vos hautes vertus…

Il fallait bien que Mme  Fodeur avançât quelque chose en faveur de Christiane, mais par les réflexions qu’elle énonçait, il était facile de deviner que les fiançailles de sa jeune compagne hantaient son esprit.

— Vous êtes une âme privilégiée parmi la foule, poursuivit-elle, et je ne puis comprendre pourquoi le mariage vous tente…

Christiane tressaillit et répondit à peine distinctement :

— Je crains décidément de faire fausse route en me mariant, et je ne crois pas que ce projet aboutisse…

Mme  Fodeur ne s’attendait pas à un succès aussi rapide. Elle regarda Christiane et la vit pâle.

Elle dit très vite, pour l’acquit de sa conscience :

— J’espère que mes paroles ne vous ont pas influencée, ma chère enfant ? Je serais navrée d’être la cause indirecte de votre renoncement.

La jeune fille secoua la tête :

— Non… Ce n’est pas vous… J’ai réfléchi, pesé, et j’ai reconnu que ce n’était pas possible…

Sa voix mourut dans un sanglot arrêté dans sa gorge.