Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/134

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Il cria :

— Vous mentez ! Je ne sais à quelle influence vous obéissez, mais vous m’aimiez hier ! Qu’est-il arrivé aujourd’hui ? C’est un secret que vous allez me divulguer.

Christiane secoua la tête :

— Je n’ai pas de secret. Le passé plaidera pour moi ; Vous ne pouvez pas nier l’éloignement que j’avais pour le mariage. Vous avez insisté et, la solitude aidant, j’ai accepté de devenir votre femme. Je juge maintenant que je ne saurais pas vous rendre heureuse.

— Christiane, c’est vous qui parlez ainsi ? Je deviens fou et ne puis croire que vos paroles soient sérieuses…

— Elles le sont.

L’étrange jeune fille s’acharnait à rester froide. L’effort auquel elle s’astreignait lui donnait de la fièvre. Ses joues pâles avaient des pommettes roses. Ses yeux qui brillaient du feu du sacrifice se pesaient sur Robert avec une sorte d’inconscience.

Il crut y voir une flamme singulière et eut peur.

— Je vous aime, Christiane.

Le regard de la jeune fille se voila subitement. La magie de ces mots fut si grande qu’en un instant toutes les paroles d’amour de son fiancé s’assemblèrent pour former un cercle qui l’enserrait de sa puissance.

Il s’aperçut qu’elle faiblissait et il répéta plus ardemment :…