Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/197

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Sans aucun doute se préparait-il cette revanche.

— Tu es rêveuse, reprit Bertranne… et je vois que je te surprends… Ne me crois pas déçue… Je suis seulement étonnée de cette félicité sans nuages… Je croyais que l’amour s’accompagnait de tempêtes et j’ai parfois voulu en provoquer, rien que par diversion, mais la douceur de Robert m’a désarmée. Je pense que je n’ai, pas assez combattu pour avoir ce bonheur.

— Quelle idée !

— Tu sais aussi bien que moi combien il m’est survenu à l’improviste. Comme je suis une femme d’action, je me suis trouvée immobilisée… et ma surprise et mon inaction durent encore… Ma nature est de lutter, je le constate maintenant, et j’avais choisi la médecine justement parce qu’on est constamment en face de cas nouveaux, qu’il faut démasquer, et vaincre. Dans mon mariage tout est uni, semblable à hier…

— Tu n’aimes pas assez ton mari, murmura Christiane, comme si elle se parlait.

— Seigneur ! il est ma vie même, et je ne puis que difficilement m’en séparer… Mais s’il me secouait en me disant qu’il est jaloux, par exemple, cela m’enchanterait…J’aurais à combattre.

— Tu n’apprécies pas ton sort merveilleux.

— J’en conviens.