Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/200

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rent son imagination. Je suis certaine qu’elle s’est anémiée durant mon absence, oubliant de se sustenter ou ne le faisant pas par esprit de mortification. Sous l’influence de cette hantise qui la gouverne, elle m’a murmuré, hier, d’une voix à peine distincte : — Ton mari aussi n’est qu’un prêt, et tu devras le rendre. — À qui ? ai-je crié assez effrayée… Mè e a paru se réveiller et m’a répondu en souriant : Je dors debout.

Christiane écoutait horrifiée. Ce que Bertranne attribuait à des divagations devenait très clair pour elle.

Mme Fodeur était obsédée par l’aveu entendu. Elle souffrait à cause de la justice.

La jeune fille se repentait affreusement d’avoir parlé. Elle se maîtrisa pour répondre avec calme :

— Ta mère se surmène… ses pauvres sont nombreux et elle est très stricte dans ses obligations religieuses, c’est certainement un excès de fatigue dû à ses sorties aussi matinales que fréquentes… Elle se rend à la messe à jeun et de là part pour des quartiers lointains.

— Où elle se repaît de misère au lieu de se restaurer avec un déjeuner. solide. Mais, je vais veiller à tout cela. Et toi, Christiane, tu n’as pas abandonné cette carrière de sœur de Saint-Vincent-de-Paul ?… Tu me parais un peu détachée de cette ingrate philanthropie.

— Tu te trompes ! mais me sentant