Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/210

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humblement que j’ai énoncé ces choses comme des théories, sans réfléchir à leur application. Mais, pouvais-je prévoir que mon cerveau demanderait de l’action ?… Avec Robert, je suis sans pensée, je le contemple, mais quand il n’est pas là je redeviens Bertranne Fodeur, celle qui était curieuse de tous les mystères de la médecine.

— Prends garde, Bertranne, un mari peut se faire une arme de ces absences.

— Ne t’ai-je pas dit encore que ce mari a d’abord commencé et qu’il me délaisse des après-midi entiers ? Il travaille… Puis-je le lui reprocher, puisqu’il me revient joyeux et presque affectueux ? Je suis heureuse de voir qu’il a perdu cet air renfermé, morose, dont j’ai tant souffert dans les premiers temps de notre mariage. Nous nous reverrons désormais aux repas, enchantés d’être en face l’un de l’autre. Il veut aussi beaucoup recevoir, et projette des dîners… des excursions en bande pour étudier les ruines d’alentour… Naturellement, tu es en tête de liste… et tu ne nous feras pas faux bond, sans quoi je me figurerais que tu as peur de Robert, parce… que tu es amoureuse de lui !

Ce trait lancé, la jeune femme rit de tout son cœur.

Christiane s’indigna :

— Tu as de ces idées !

— Ne t’insurge pas ! j’aime la plaisanterie. Mais, je t’en prie, sois moins rare… Ne nous considère plus