Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/24

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j’ai envie de me cacher, l’existence qu’elle mène m’humilie.

— On ne relève que de ses actes, et puis, laisse-moi te dire qu’un mauvais orgueil te conduit. Peux-tu me certifier que ta mère ne sera pas touchée par la grâce dès qu’elle deviendra grand mère ?

Elle opposa un argument plausible :

— Je n’aime personne et il me serait impossible de fonder un foyer sans être éprise, mais je suis persuadée que ce n’est pas ma route.

Mme Fodeur se rassura. Christiane lui restait. Elle eut un regard doux vers elle et, posant sa main sur celle de la jeune fille, elle lui dit :

— Ma petite enfant, on n’échappe pas à son destin. Si Dieu vous réserve la tâche d’une mère de famille, vos refus, comme les souhaits de Bertranne, n’auront aucune influence.

En prononçant ces mots, elle se leva de table et les jeunes filles l’imitèrent.

Bertranne annonça :

— J’ai besoin d’air et de soleil et il faut que j’en aspire le plus possible. Christiane, je t’offre une belle promenade au Bois. Nous flânerons, nous bavarderons, nous prendrons le thé, une débauche de paresse. Cela te sourit ?

— Cela m’enchante, acquiesça son amie, joyeuse. Mme Fodeur eut un peu d’inquiétude. Elle craignait que