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— Va te reposer, maman… Tu me raconteras cela plus tard.

— Je ne suis pas lasse. Quel dommage que tu ne sois pas venue… Tu n’as pas idée de l’esprit du comte de Sournel… On va dire que je te séquestre !… Ce n’est pas amusant pour une mère !…

— Je trouve ces divertissements si factices… Je t’assure qu’ils ne me tentent pas !

— Il faut bien passer son temps à quelque chose…

— Puisque cela t’est agréable…

— Et les toilettes !… Tu ne peux t’imaginer les merveilles !… Ainsi Madame de Roulabert portait…

— Va t’étendre, maman… sans quoi les domestiques te verront encore debout…

— Tu as raison… Tu es la sagesse même… Tu es trop sage… Tu es la mère… je suis la fille, la petite fille très petite…

Dans un éclat de rire cristallin, la veuve se sauva dans sa chambre, dans l’enveloppement de sa luxueuse cape de soirée.

Christiane ne se rendormit pas. Elle songeait. L’âme frivole de sa mère la désolait. Elle eût souhaité qu’elle s’occupât de choses durables.

Quand une journée s’était écoulée, Mme Gendel n’avait à son actif, que l’oisiveté, les papotages, la toilette… et quelque flirt…

Cette dernière évocation plongeait la malheureuse Christiane dans l’horreur. Elle se figurait que le monde serait malveillant[illisible] et que la