Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/54

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entendant sa mère interpeller joyeusement la bande de jeunes gens qu’elle traitait comme des frères ?

Non, tout cela était impossible.

Puis, Christiane avait annoncé qu’elle ne se marierait pas. Quelle attitude lui donnerait sa rétraction ? Du moment qu’elle tenait à passer pour une personne sérieuse, il fallait persister dans le maintien d’une parole qu’elle avait donnée de son plein gré.

Bien des femmes ne se mariaient pas. Bien des femmes ensevelissaient un rêve au fond de leur cœur, et elles vivaient cependant, inutiles peut-être quant à la race future, mais à l’abri de toute surprise.

Christiane n’envisagea que soi. Elle ne se souvint pas que Bertranne traitait d’égoïsme le sentiment qui consiste à repousser un homme qui vous veut pour femme et qui ne vous est pas indifférent.

Non, elle obéit à une conception fausse de l’orgueil et à une méfiance de soi.

Radicalement, elle raya de sa vie M.  Bartale. Son existence remplie de bonnes œuvres passa devant ses yeux. Elle aimait les déshérités qu’elle visitait. Elle s’attachait à eux et ne pouvait les décevoir.

Elle pensa à Madame Fodeur… Aujourd’hui en toute connaissance de cause, elle renonçait au bonheur. Une souffrance tordit son cœur.

Elle aimait.