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III


La voix de M.  Lavique l’arracha au tournoiement des idées que son cerveau lui suggérait.

Elle s’aperçut alors que le salon était vide et que Mme  Lavique la regardait en souriant.

— Ma petite Christiane, prévint le vieil ami, on va te reconduire, le chauffeur est prêt. Il est près d’onze heures et ta mère nous a recommandé de ne pas te faire veiller trop tard. Il paraît que tu te lèves très matin, afin d’égaler les plus zélés philanthropes.

— Ne taquine pas Christiane, mon ami…

— Je ne me gênerai pas pour dire à cette enfant qu’elle exagère… Restons soumis aux lois de l’Église, mais ne dépassons pas les limites que Dieu nous a assignées. Christiane doit fonder un foyer, et non pas courir d’étage en étage pour se ruiner la santé. Christiane, ne te détraque pas, mon petit.

— Il faut bien qu’elle tue le temps, cette chérie, en attendant qu’elle ait un intérieur… Quand elle aimera, elle ne pensera plus qu’à son mari.

D’une voix ferme, leur jeune amie déclara :

— Je ne me marierai pas…

Les deux époux si paisibles, et qui se figuraient que rien au monde ne pourrait plus les étonner, bondirent et crièrent en même temps :

— Quoi ?