Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/94

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tiane, il fallait qu’elle s’en prît à quelqu’un. Si elle appréciait Bertranne et lui décernait une amusante originalité, elle amassait de la rancune contre la mère dont le regard froid et les gestes imposants lui devenaient odieux.

Quand Bertranne revit son amie, elle s’exclama :

— Comment as-tu pu te tromper à ce point ? Il est inadmissible que tu n’aies pas senti tout de suite la morsure de cet acide… Tu t’es badigeonnée à plaisir !… Quelle est cette nouvelle folie.

Christiane ne répondit pas.

— Je n’arrive plus à te comprendre, mon amie… Je sais que je ferai dorénavant tous mes efforts pour t’arracher de la voie où tu t’engages. Je viens ici, abattue par le travail, soulagée cependant par la réussite de mon examen… J’espère vivre trois mois de paresse et de gaîté, et il faut que je te soigne…

— Non…

— Naturellement, tu veux conserver ta laideur, l’exagérer même si cela se peut !… Mais, ma chère, je suis médecin, je vois un cas et je m’en empare, c’est machinal… Je te soignerai malgré moi, et malgré toi. Et tu n’en as pas fini non plus avec mes reproches… Du moment que tu as commis le crime de te défigurer, tu les écouteras. À quoi cela te sert-il d’être laide ?… En quoi cela pouvait-il te nuire d’être belle, puisque tu ne voulais l’être pour aucun homme.

Christiane, sous ces paroles, s’écria :