Page:Fiel - Le fils du banquier, 1931.djvu/98

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Il resta cependant songeur et son visage ne s’éclaira que quand il fut chez lui.

Là, quand Mathilde lui eut narré les détails de son après-midi, à son tour il entreprit le récit de la visite de Mme  Alixin.

— Elle croyait tenir un cambrioleur, sans doute, et elle est arrivée toute bouleversée à l’atelier…

— C’est bizarre, convint Mathilde.

— Où Gérard avait-il la tête, lui si parfaitement poli ? Tous mes clients me disent : « Vous m’enverrez ce jeune homme qui travaille vite et bien et qui parle de façon si réservée. C’est un as, patron Bodrot, que vous avez déniché là ! »

— Il y a une cause, évidemment…

— J’ai vu clairement qu’il ne l’avouerait pas.

— Bah ! c’est nous qui en cherchons une, et peut-être Manaut a-t-il eu simplement un malaise, comme il te l’a déclaré… Nous nous acharnons à voir du mystère dans ce garçon-là !…

— Il y a du vrai, là dedans !…

— À moins que…

Mathilde resta songeuse une minute et elle reprit, l’index appuyé sur son menton :

— À moins que Mme  Alixin n’ait été rencontrée par lui dans une maison où il fréquentait en son beau temps. L’ennui d’être vu en ouvrier l’aura totalement dérouté…

— C’est une idée, mais elle m’étonnerait de lui. Je n’ai jamais remarqué qu’il eût honte d’être un ouvrier… Enfin, cela se peut ! Dans tous les cas, il peut se vanter d’avoir inquiété ta cliente !

Elle va joliment m’en parler, quand je lui reporterai sa toilette.

Mathilde rit gaiement et ne s’occupa plus de l’incident.

Elle dressa le couvert en attendant les jumelles. Elle chantonnait, parlait, formant des projets qu’elle soumettait à son père.

— Tu sais, j’aurai peut-être une laveuse mécanique… Il faudra que je m’informe bien auparavant… Je ne veux pas faire de bêtises…

— C’est peut-être pratique…

— Et puis j’ai vu un modèle de salle à manger, simple, facile à entretenir, un bijou !… et pas chère ! Il faudra que j’aille voir cela de près avec Germain et toi, papa…

— Oui, ma petite fille.

Lui se détendait sous cette gaieté, puis soupirait en se disant que bientôt sa Mathilde ne serait plus là. Mais les jumelles, bien dressées par leur sœur, resteraient à la maison pour veiller au foyer à leur tour.

Sa fille aînée se mariait au moment qu’il fallait. Les jumelles terminaient leur apprentissage. L’une suivait des cours de dessin d’ornementation. Elle se révélait une artiste comme son arrière-