et il vous menaçait, si on ne disait pas comme lui… On tenait à sa place…
— Alors, vous auriez passé par tout ce qu’il aurait voulu ?
— Dame !
— Cela vous fait honneur à tous, dis-je ironiquement.
— Vous auriez peut-être agi comme nous, si vous aviez eu votre pain à gagner, se défendit la fermière.
— J’en doute ! Il avait trop d’ambition pour mon goût ! Des gens de ce genre, je les mate, dis-je avec orgueil, en me remémorant les coups de cravache dont je l’avais cinglé. Je n’ai peur de rien, sachez-le !
— Mamzelle a du cran, tout le monde le dit… Enfin, la mort de ce Chanteux est arrivée à temps, parce que m’est avis qu’il y aurait eu du grabuge.
— Je le crois.
— On dirait qu’elle a été causée exprès.
— On le dirait, oui, fis-je laconiquement, d’un accent neutre.
— C’est le père Lucas qui a vu le corps.
— Oui…
— Et alors, il l’a retiré de l’eau avec l’aide d’un autre ?
— Oui…
— C’est curieux tout de même, que ce Chanteux ait glissé…
— Les méchants sont toujours punis.
— Il ne buvait pas, M’sieu Chanteux ?
— Il a pu glisser sur une herbe… et comme il venait de déjeuner, il a eu une congestion.
— Si ceux qui l’ont tiré de là étaient arrivés un peu plus tôt… le malheur n’aurait pas eu lieu…
— Vous regrettez Chanteux ?
— Dame, non !
La fermière avait repris son air faux et la convoitise brillait dans ses yeux.
Je dis sentencieusement, en la regardant en face :
— Bien mal acquis ne profite jamais ! Chanteux devait mourir ce jour-là…
J’appuyai sur « devait ».
Je m’en allai. Je caressai Rasco et Sidra. Les bonnes