de notre entretien était brûlant, mais il n’y fit aucune allusion.
Il prit le siège que je lui offris, étendit ses mains devant la flamme et commença :
— Je viens vous solliciter pour une œuvre charitable. Une pauvre femme est malade, sans un sou vaillant. Est-ce que ma petite Marane pourrait s’en occuper ?
— De tout mon cœur ! affirmai-je impétueusement.
— Ah ! je la reconnais bien là, dit aimablement M. le curé.
— Cependant, répliquai-je, maman ne croit plus à mon cœur.
— C’est vrai ? s’exclama-t-il en riant.
Ma mère retrouva subitement son visage contracté ; notre visiteur le remarqua, mais ne dit rien.
Alors maman s’écria :
— Marane est incompréhensible ! Je ne sais si elle est bonne ou mauvaise, mais elle ne suit que son instinct.
— Oh ! oh ! c’est grave, interrompit M. le curé.
— Tout cela, ripostai-je à mon tour, parce que j’aime M. Descré.
— M. Descré ? interrogea notre pasteur, abasourdi.
Maman était devenue rouge. Elle me dit sévèrement :
— Tu aurais mieux fait de te taire.
— Et pourquoi ? M. le curé connaît toutes les faiblesses. Je puis lui avouer la mienne.
— Qui est M. Descré ?
— Un voisin charmant, plaçai-je vivement, un homme intelligent et triste. Je l’ai aimé tout de suite, sans lui avoir parlé. Et si vous l’aviez vu, Monsieur le curé, vous auriez eu les mêmes sentiments que moi à son égard.
— Vous jugez, Monsieur le curé, du déséquilibre de ma fille ! s’écria maman.
— Ma petite Marane, j’aurais besoin de vous voir un peu longuement. Ce soir, je n’ai pas le temps de causer avec vous.
— Oh ! oui, confessez-la, murmura maman, elle en a grand besoin.
Le bon prêtre me regarda.
Tranquillement, je lui dis :