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marane la passionnée

croyant nous plaire mutuellement. Non, des tours de parc, voilà un bon voyage de noces.

— Ne fais pas de projets, Marane !

— Pourquoi ? C’est gai de bâtir des projets !

— Tu ne sais pas si M. de Nadière sollicitera ta main.

— Quelle idée ! Maintenant plus que jamais !

Je cherchais à me persuader et je continuai avec feu :

— Il m’a dit textuellement qu’il serait doux d’être compris par une âme semblable à celle de Marane de Caye. Alors, maman, je puis conclure à un dénouement selon mes vœux. Dans cette union, n’aurai-je pas une tâche haute à remplir : dédommager M. de Nadière de son premier mariage.

— Encore !

— Mais, maman, ce que j’en dis là, c’est pour chercher à me sanctifier.


XVII


Le lendemain, je me réveillai, croyant rêver encore. Un soleil dansant inondait ma chambre. Le 20 mai que ce matin-là apportait semblait joyeux et plein de malice.

Mais je me souvins tout de suite que j’avais peut-être commis une bévue en me sauvant après avoir révélé à Renaud de Nadière qui j’étais. Je ne tenais pas en place. Maman me contemplait d’un air soucieux. Je commençais à comprendre combien je pouvais la tourmenter.

Je passai ma matinée à errer dans le jardin. Je rentrais pour faire quelques points à un ouvrage de couture, mais je ne pouvais supporter l’immobilité. De nouveau, je retournais dans le parc où je réfléchissais sur la conduite à tenir. J’étais moins convaincue aujourd’hui d’épouser Monsieur de Nadière. Je me demandais comment j’arriverais à conclure cette union.

Notre déjeuner fut assez mouvementé en ce sens que je sollicitais l’avis de maman et que je rejetais toutes ses suggestions. Elle me conseillait d’attendre tranquillement les événements, alors que je voulais les précipiter.

— Tu devrais inviter Mme de Nadière et son fils. Il est notre cousin par alliance.