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mal dont tu seras responsable, si Marie et Paul se croient beaux. Ils seront pleins de fierté et l’on rira à leurs dépens. C’est donc une charité que de leur souffler dans l’oreille : vous êtes laids, et ne comptez pas sur notre figure, pour faire votre chemin dans le monde.

Mme Lassonat se détourna pour que Suzette ne vît pas le sourire qui courait sur ses lèvres à l’exposé de cette conclusion.

Elle conserva son ton sévère pour recommander :

— Je te défends de te mêler de ce qui ne te regarde pas… Laisse les petits Brabane tranquilles.

Or, ce soir-là, la famille Brabane devait dîner chez les Lassonat. Il fut expressément défendu à Suzette comme à Bob de trop parler sous peine d’être exclus immédiatement de la salle à manger.

Ce n’était pas que Bob fût dangereux jusqu’alors, mais on craignait la contagion. Mme Lassonat avait noté que dans certaines circonstances, il se laissait influencer par les idées de sa sœur.

Suzette écouta sa mère sans l’interrompre.

Quand les deux enfants furent seuls, Bob dit :

— Te voici prévenue. Pas de compliments à Marie sur sa laideur. Maman trouve que ce serait un abus de pouvoir.

— Comme on comprend mal mes intentions ! rétorqua Suzette dignement. Ce serait pour-