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les spirituels Français, on gagne de l’esprit. Et puis, je n’ai pas d’accent et cela rend mon langage plus vif.

« Pas d’accent ! pensa Suzette, Seigneur ! cet homme est complètement obtus. »

Le Polonais reprit :

— Beaucoup de mes compatriotes ont un parler déplorable… et c’est fatigant pour les Français. Moi je me suis appliqué… j’ai répété des mots tous les jours. Personne ne risquant un compliment, il se retourna vers Suzette immobile, la bouche serrée, les yeux fixes.

— N’est-ce pas, petite Mamoiselle, que vous n’auriez pas deviné que j’étais né dans la Pologne ?

Suzette avala un peu de salive et se tut.

Le Polonais insista :

— Eh ! répondez gentille Mamoiselle.

— Monsieur, je me suis aperçue, à la première parole que vous avez prononcée, que vous étiez né en Pologne, répondit Suzette avec une dignité qui ne manquait pas de grandeur.

M. Lassonat lança un regard impérieux à la jeune intrépide, mais Suzette avait détourné la tête.

— Tiens ! quelle parole avez-vous donc entendue ? questionna songeur M. Primicat. Mon premier mot, il a été bonjour.

— Mais oui, répondit Suzette, oui « ponchour ».