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— C’est possible, mais au moins, je suis juste.

À ce moment, le garde entra.

Il vit Suzette qui le salua d’un aimable :

— Bonjour, Monsieur le garde !

— Bonjour, Mam’zelle.

— Je tiens compagnie à votre femme et je lui dis que je voudrais bien passer mes jours dans la forêt.

— C’est facile.

— C’est que Mam’zelle a des idées qui ne sont pas pareilles à celles des autres… Elle déteste le mensonge et elle dit aux gens ce qu’elle pense sur eux.

— C’est-y que vous seriez une somnambule comme on en voit dans les foires ?

— Oh ! non.

— Enfin, c’est drôle tout de même, que vous ne disiez jamais de mensonges et que vous vouliez rester avec nous qui sommes de pauvres gens, dit la femme.

— Pour ça, oui, c’est de la bizarrerie…

Le garde examinait Suzette avec beaucoup d’attention. Il se disait : C’est une « innocente » c’est sûr, et ses parents doivent avoir du mal. Ces arriérés-là ne sont pas commodes. M’est avis qu’elle divague un peu. C’est dommage, parce que c’est une belle fillette. C’est pas ordinaire qu’elle ne mente pas ! À cet âge-là, il y en a qu’on roue de coups, parce qu’ils mentent trop, et celle-ci, à son dire, on la punit,