Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/142

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— Pauvre artiste !

— Riez, ma tante, mais notre ménage sera un enfer.

— Allons, tu vois tout en noir.

— C’est le cas de le dire ! j’ai la haine des notes.

— Tu n’es pas le seul ! tous les maris en sont là !

— Vous avez trop d’esprit, ma tante, et je vous avoue que je préférerais de beaucoup les notes de couturières et de modistes que celles qui absorbent tant ma jolie fiancée.

— Allons, ne te tourmente pas, ta femme cessera toute cette musique un jour ou l’autre. En ce moment, elle est à la mode. On est surpris qu’une jeune fille aussi belle ait du talent.

— C’est ce qui me tracasse, ma tante, cette affaire de mode ; on parle trop de Sylviane.

— Mon neveu, tu ergotes. Je n’y peux rien ; signifie ta façon de penser une bonne fois pour toutes.

— Je n’ose pas, et j’en meurs d’envie.

— Tu me fais un peu pitié. Veux-tu rompre ?

— Je serais désespéré !

— Et Sylviane aussi probablement. Quand vous serez mariés, tout cela changera, je te le prédis.


IX


Un matin, Madame Foubry vint trouver Sylviane qui se hâtait de répondre à de nombreuses lettres, pour lui dire qu’une dame insistait pour lui parler :

— C’est une personne d’une trentaine d’années, ni bien ni mal, plutôt sympathique. Elle n’a pas l’air d’une solliciteuse, mais elle ne me semble pas très brave.

— Pourvu que ce ne soit pas trop long, soupira Sylviane.

La jeune fille alla rapidement dans la pièce où l’on avait introduit la visiteuse, et se vit en face d’une femme qui avait dû être jolie, mais que les privations semblaient avoir amenuisée. Son