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trop belle

mais je suis content d’avoir été démasqué…

— Allons… soupira Madame Bullot… je conviens que c’est une sottise que nous couvions… mais vous êtes trop intelligente pour ne pas concevoir les rets tendus devant mon neveu… Certainement il aurait pu être convaincu sans examen… et savoir que votre visage enveloppait une belle âme. Allons ne soyez pas inclémente…

— Mademoiselle… intervint Luc… plus je songe à ma conduite… plus je la trouve odieuse… Ne m’en veuillez pas cependant… et laissez-moi espérer que je pourrai… quelque jour… me présenter à vos parents pour solliciter votre main…

Cette réparation venait un peu tôt. Elle sentait la hâte, l’inclination un peu forcée après le plan si nettement catégorique, et cependant elle s’imposait. Le jeune homme voulait, au plus vite, pallier son mauvais procédé, mais Sylviane n’avait pas eu le recul nécessaire pour l’atténuer, et sa réponse fut également prématurée :

— Monsieur… votre procédé a été une offense pour mon caractère… Il se peut que vous ayez rencontré de fausses apparences… mais je ne crois pas avoir double-face… Je suis telle que je me montre… mais comme je ne voudrais pas vous causer la moindre désillusion… je préfère ne vous donner aucun espoir…

La leçon était dure et la cause qui la dictait ne comportait pas cette sévérité.

Il restait cependant indéniable que la fierté de mademoiselle Foubry devait être blessée, mais elle montrait par son refus hautain que sa pauvreté était digne et qu’elle ne se laisserait pas offenser par jeu.

Elle lui sacrifiait un mari charmant avec un avenir plein de luxe.

Madame Bullot dans sa philosophie rassise, estimait que ces fiertés-là par le temps actuel, étaient singulièrement déplacées.