Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/29

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— Mercanti !

Les deux amis rirent et s’en furent bras dessus, bras dessous, dans la vaste salle à manger carrelée où le repas du soir était servi.

— C’est bien… chez toi…

— Je n’y suis pour rien… Mes parents ont tout fait… et j’ai le logis tel qu’ils me l’ont légué…

— Ils sont morts… tes parents ?

— Que non !… ils sont dans une propriété dans l’Anjou… avec mon frère… à qui elle doit appartenir…

— Dans l’Anjou ?

— Oui… au Castel de Dave… les Ripois.

— Les Ripois ?… tes parents s’appellent Ripois ? pourquoi t’appelles-tu Dormont ?

— Ma mère s’est remariée avec M. Ripois qui est mon beau-père… mon frère s’appelle Ripois.

— Mais je ne connais qu’eux !… ils sont voisins de ma famille !…

— Pas possible ! comment t’appelles-tu ?

— Balor… Francis Balor…

— Balor !… ah quelle aventure !… mais nous sommes de vieux amis !…

— Tout à fait !…

— Quel bonheur !… et comme nos parents seraient heureux de le savoir…

— Ripois !… je crois bien… je ne connais que cela… mes sœurs en parlent tout le temps…

— Je n’entends parler que de Balor… mais j’ignorais que c’était ton nom… je croyais que tu t’appelais Francis…

— Ce n’est que mon prénom… Comme on se retrouve tout de même !… ah ! le monde est petit !

Émus, les deux vieux nouveaux amis se serrèrent la main et mangèrent avec appétit ce repas heureux qui consacrait leur amitié.

Au dessert, la conversation devint plus intime et Louis demanda :

— À Paris que fais-tu ?

— Ah ! mon cher… Paris est un désert et un homme sérieux et intelligent ne peut songer à y passer son temps…

— Tiens… murmura Louis… c’est curieux.