Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/37

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— Et puis, ce jeune homme est bien, ne trouves-tu pas ?

— Cela m’est tellement indifférent, si tu savais, maman !

— Allons, allons, ne sois pas ainsi. Reprends ton air gai, je suis persuadée que c’est un mari envoyé par le destin.

— Tu bâtis déjà des châteaux en Espagne !

— Mais non, ma chérie, il est naturel que je désire te voir établie, et ce jeune homme a l’air absolument subjugué.

— Maman, tu devrais savoir par expérience, que les hommes me regardent beaucoup, aiment converser avec moi, mais qu’ils ont peur de m’épouser, pour une foule de raisons qui me sont mal définies. Ah ! vivre dans un coin, ne voir personne, ou bien rencontrer seulement celui que l’on doit aimer, quel rêve !

— Ma pauvre enfant, comme tu es découragée. À ta place, je m’amuserais de tous ces hommages, et je ne verrais pas l’existence en noir.

Madame Foubry parlait un peu contre sa pensée, mais elle sentait Sylviane déprimée et elle essayait de la réconforter.

Sylviane était restée assez indifférente aux attentions des deux nouveaux venus parce que sa pensée allait vers Luc.

Elle l’élevait au-dessus de tous par son visage et son maintien. Mais comme une torture, la tache qui voilait ses qualités, s’imposait sans cesse à son esprit.

En voulant la conquérir, il avait dressé entre elle et lui, une barrière qu’elle jugeait infranchissable.

À de brefs moments, elle regrettait la parole sur laquelle elle ne pouvait plus revenir.

Elle n’osait s’en ouvrir à sa mère, sachant que trop de regrets envahiraient le cœur de Madame Foubry. Elle la laissa l’entretenir de son rêve tout neuf.

Aurait-elle le courage d’épouser le premier parti que se présenterait ? Elle ne pouvait encore se prononcer. Luc Saint-Wiff voguait sans