Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/38

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doute aujourd’hui sur quelque mer attirante. Peut-être pensait-il à elle… Elle se remémorait ses yeux implorants, elle estimait sincère son accent, mais il avait manqué de confiance, de cette belle confiance, si douce au cœur des femmes. Et cela la rendait infiniment triste.

Elle resta le soir dans sa chambre, redoutant de rencontrer Louis Dormont et son ami.

Leur cour empressée l’importunait.

Elle s’assit dans un fauteuil, un livre à la main. La soirée était belle. Des parfums entraient dans la pièce. Sylviane rêvait, ses longues mains blanches sur sa robe claire, abandonnèrent son livre.

L’heure passa sans qu’elle en eût conscience.

L’obscurité emplit sa chambre et la jeune fille restait immobile, comme privée de vie.

Au loin la musique du casino arrivait par bribes ; des murmures de voix entraient et de temps à autre, un rire fusait.

Sylviane, les yeux fermés, oubliait la vie extérieure pour se complaire dans l’immobilité d’un mirage entrevu.

Sa mère, brusquement, la rappela à la réalité, en entrant :

— Sylviane, es-tu là ? Mais on n’y voit rien ! J’ai vu Louis Dormont, son ami est bien aimable aussi. Il a peut-être plus d’aisance que Louis, et ce nom : Francis, lui va bien. Ils ont bien regretté ton absence, mais je dois dire qu’ils ont fait bon visage contre leur mauvaise fortune. Tu ne veux pas faire un petit tour ? La nuit n’est pas encore tombée complètement. Ah ! j’oubliais de te dire que Madame Bullot est arrivée à l’hôtel.

— Elle est là ? s’écria Sylviane, reprise de vie.

— Oui.

— Il est trop tard pour aller lui souhaiter le bonsoir.

— Naturellement. Elle est fatiguée du voyage, tu la verras demain.

— Je suis bien contente.

— Moi aussi, elle est vive, amusante. Nous