Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/52

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— J’aime la chaleur… murmura Annette.

— Moi… pas trop… répondit Sylviane… un air vif me plaît davantage…

— Tiens… voici le neveu de Madame Bullot…

— Vous le connaissez ?

— Je l’ai vu avec elle…

Luc Saint-Wiff passa près des jeunes filles en les saluant.

Annette rougit et Sylviane le remarqua :

— Il est fort bien… reprit Annette… il a un aspect fort sympathique…

Comme elle ne recevait aucune réponse, elle poursuivit après un petit silence :

— Madame Bullot en fait grand cas…

— C’est ce qu’il m’a semblé… crut pouvoir répliquer Sylviane qui eut peur que son silence ne parût anormal. Des ténèbres enserraient son âme. Elle sentait un besoin confus de s’épancher, de crier son malaise à un cœur compatissant.

Elle fit un effort pour rejeter ses pensées et revint dans la réalité devant une question d’Annette qui lui sembla d’abord bien indiscrète, mais dont elle comprit l’intention sympathique, au ton dont elle fut formulée :

— Pourquoi ne vous êtes-vous pas mariée… mademoiselle… vous êtes si charmante !…

Une telle admiration se lisait sur les traits de sa compagne, que Sylviane lui pardonna tout de suite ses paroles inexpérimentées.

Pour les dix-huit ans d’Annette, les vingt-six de mademoiselle Foubry étaient l’âge une résolution semblait définitive, et Annette, jeune fiancée pensait que Sylviane ne voulait pas du mariage.

En voyant passer Luc Saint-Wiff, la jeune fille avait immédiatement rapproché les deux jeunes gens dans son esprit et elle avait songé : quel beau couple c’eût été !…

D’où sa question.

Sylviane ne sut que dire.

Elle murmura donc d’une voix basse comme un souffle :

— Peut-être ne sais-je pas me faire aimer…