Page:Fiel - Trop belle, 1926.djvu/83

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— Si on partait ce soir ?… cela nous éviterait de faire des adieux toujours ennuyeux… Une carte demain… sauvera notre réputation d’hommes polis…

— C’est une excellente idée… Allons faire nos malles…

Les deux amis se dirigèrent vers leurs chambres respectives. Chacun était ulcéré par la ténacité de l’autre, et ils avaient trouvé spontanément ce moyen de départ afin de se donner le change.

Francis pensait : Quand Louis sera sur le chemin de sa ferme… je reprendrai le train pour Vichy… et seul dans la place… cela me permettra de pousser ma cour d’une façon plus sérieuse… Sylviane ne peut se décider entre nous deux… Quelle séduction possède Louis ? aucune… On le sent homme de la terre jusqu’au bout des cheveux…

Louis tenait à peu près le même discours intérieur : Quand Francis goûtera les joies de la famille en Anjou… je reviendrai précisément ici… et je pourrai déclarer mon amour à Sylviane… Cette malheureuse ne peut guère se prononcer entre ses deux admirateurs… L’un éloigné… elle y verra clair… je suis certain qu’elle sera soulagé, on n’épouse pas un ancien fêtard comme ce brave Francis.

Ces réflexions s’amplifiaient à mesure que les malles s’emplissaient, pour la forme, car à part soi, les deux rivaux se promettaient de tenir seulement à la main, un sac léger.

Enfin, ils furent prêts.

Ils se rencontrèrent dans le hall de l’hôtel, avec cet accessoire, alors qu’ils affectaient d’être affairés pour le départ de leurs bagages.

Ils s’acheminèrent vers la gare en devisant. Ils avaient combiné d’aller d’abord à Paris tous deux : afin d’être sûrs de leur éloignement réciproque.

— Je regrette cependant de ne plus voir Mademoiselle Foubry… dit hypocritement Louis.

— Moi aussi… riposta non moins faussement Francis… que veux-tu… c’est la vie !… on se lie…