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son frère, et montroit, pour cette raison, à l’enfant trouvé plus de bienveillance que les femmes d’une vertu rigide n’en témoignent d’ordinaire à ces créatures infortunées, qu’on peut véritablement appeler, malgré leur innocence, des monuments vivants du libertinage.

Le capitaine avoit plus de peine à souffrir dans M. Allworthy une conduite qu’il jugeoit répréhensible. Il lui insinuoit souvent, qu’adopter les fruits du vice, c’étoit l’encourager. Versé dans les saintes écritures, il en citoit plusieurs passages, tels que ceux-ci : « Dieu recherche les fautes des pères sur les enfants. » « Les pères ont mangé des raisins surs, et les dents des enfants en ont été agacées. » D’où il concluoit que les bâtards devoient porter la peine du crime de leurs parents. Il disoit encore, que si la loi ne permettoit pas textuellement de les faire périr, elle les considéroit, du moins, comme des êtres étrangers à la société ; que l’Église les regardoit du même œil, et qu’on ne pouvoit rien faire de mieux pour eux, que de les vouer dès le berceau aux plus vils emplois de la société.

À ces arguments et à beaucoup d’autres semblables, M. Allworthy répondoit : Que les enfants, quel que fût le crime de leurs parents, étoient innocents ; que le premier des deux passages cités par le capitaine, exprimoit une menace par-