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tende, ne rejetez pas ma prière en faveur de Molly. Je l’ai séduite, il est vrai ; mais de vous seul dépend aujourd’hui son salut ou sa perte. Au nom du ciel, révoquez votre arrêt, et ne l’envoyez pas dans un lieu, où sa perte seroit inévitable.

— Qu’on fasse venir un domestique, dit M. Allworthy.

— Il n’en est pas besoin, monsieur, reprit Jones. J’ai rencontré, par bonheur, le constable à la grille. Plein de confiance en votre bonté, j’ai obtenu de lui qu’il revînt avec moi au château. Il attend votre dernière décision. Qu’elle soit favorable à la pauvre Molly, je vous en supplie. Permettez-lui de retourner chez ses parents, et ne l’exposez pas à plus de mépris et de honte qu’elle n’en pourroit supporter. Elle n’est déjà que trop humiliée : c’est moi qui suis la cause de son malheur ; ma faute est bien grave, je le sais, mais je ferai tous mes efforts pour la réparer ; et si vous daignez me pardonner, j’espère vous prouver par la suite, que je n’étois pas indigne de votre indulgence.

— Eh bien, dit M. Allworthy, après quelques moments d’hésitation, je révoque ma sentence ; envoyez-moi le constable. » Le constable vint, fut aussitôt congédié, et Molly, remise en liberté.

On pense bien que M. Allworthy n’oublia pas