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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/28

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CHAPITRE III.

grand’peine à la différer jusqu’au rétablissement de ce gentilhomme.

M. Allworthy devoit dîner chez son voisin, le jour même où il tomba malade. Comme il étoit, dans les moindres choses, observateur scrupuleux de sa parole, il ne se vit pas plus tôt délivré de la fièvre et des médecins, qu’il pensa à remplir sa promesse.

Dans l’intervalle entre le dialogue qu’on a lu plus haut et le jour où les deux familles devoient se réunir, quelques mots équivoques échappés à mistress Western firent craindre à Sophie que sa tante n’eût pénétré son penchant pour Jones. Elle résolut donc de saisir l’occasion qui s’offroit, de dissiper par sa réserve toute espèce de soupçon.

Dans cette vue, elle s’efforça de cacher sous une apparence de joie et de vivacité, son trouble intérieur et sa mélancolie ; elle n’adressa la parole qu’à M. Blifil, et ne fit pas la moindre attention à Jones.

La conduite de Sophie enchanta l’écuyer ; il oublia presque de manger ; pendant tout le dîner, il ne cessa de témoigner à sa sœur, par des signes et par des clignements d’yeux, la satisfaction qu’il éprouvoit.

Mistress Western ne la partageoit point. La manière dont Sophie joua son rôle, lui parut peu naturelle. Accoutumée à la ruse, elle en soup-