retourne chez toi ; je te rends grace de m’avoir accompagné jusqu’ici, et te prie d’accepter cette guinée, comme une foible marque de ma reconnoissance. Il y auroit de ma part une sorte de cruauté à te laisser aller plus loin ; car, à ne te rien cacher, mon seul désir, mon seul espoir est de trouver une mort glorieuse, en combattant pour mon roi et pour mon pays.
— Je vous en supplie, monsieur, gardez votre argent. Je ne veux rien recevoir de vous, dans un moment où je suis, je crois, le plus riche des deux. Je ne vous quitterai pas non plus, si vous le permettez. Après la résolution désespérée que vous venez d’annoncer, ma présence devient nécessaire à votre sûreté. Mes projets, je vous en avertis, sont beaucoup plus sages que les vôtres. Vous êtes décidé, dites-vous, à périr, si vous le pouvez, dans la mêlée. Je le suis, moi, à faire tout au monde pour n’y pas recevoir une égratignure. J’ai d’ailleurs lieu d’espérer que nous courrons peu de danger ; car un prêtre papiste m’a dit l’autre jour, que l’affaire seroit bientôt terminée, et même, à ce qu’il pensoit, sans combat.
— Un prêtre papiste n’est pas toujours une autorité digne de foi, quand il parle en faveur de sa religion.
— Oui, mais loin de parler en faveur de sa religion, il m’a assuré que les catholiques ne comp-