çonna dans sa nièce. Elle se souvint de lui avoir donné plusieurs fois à entendre, qu’elle la croyoit amoureuse, et s’imagina que sa politesse et son enjouement affectés, avoient pour but de la convaincre du contraire. Cette conjecture, il faut en convenir, auroit été mieux fondée, si Sophie avoit respiré pendant dix ans l’air de Grosvenor-Square, où les jeunes filles apprennent de si bonne heure à se faire un jeu d’une passion qui, dans les campagnes, à cent milles de Londres, est une affaire sérieuse.
Pour pénétrer dans le cœur des gens artificieux, il faut avoir (si l’on peut l’exprimer ainsi) une clef moulée sur la leur. Avec beaucoup de finesse, on se trompe quelquefois en les supposant plus habiles, ou, pour mieux dire, plus fourbes qu’ils ne le sont réellement. L’historiette suivante rendra cette vérité sensible. Trois paysans poursuivoient, dans les rues de Brentford, un voleur du comté de Wilt. Le plus simple d’entre eux voyant écrit sur une enseigne : Hôtel de Wilt-Shire, engagea ses camarades à y entrer, dans la persuasion qu’ils y trouveroient leur homme. Le second, plus entendu, se mit à rire de sa naïveté. « Entrons toujours, dit le troisième, encore plus avisé, il peut croire qu’on ne le soupçonnera pas de s’être réfugié chez des gens de son pays. » Ils entrèrent donc. Tandis qu’ils s’amusoient à par-