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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/30

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CHAPITRE III.

courir la maison du haut en bas, ils manquèrent le voleur, qui n’étoit alors qu’à quelque distance devant eux, et qui de plus ne savoit pas lire : ce qu’aucun des trois paysans n’ignoroit, mais ce dont ils se souvinrent trop tard.

On nous pardonnera cette petite digression en faveur du précieux secret qu’elle renferme : c’est que tout joueur, pour combattre son adversaire avec succès, doit sentir la nécessité de connoître à fond son jeu. Elle fait voir aussi de quelle manière un homme sensé devient la dupe d’un sot, et pourquoi la candeur et la simplicité sont si souvent mal appréciées, ou calomniées dans le monde. Mais ce qui est plus important, elle explique comment l’artifice de Sophie mit en défaut la sagacité de sa tante.

Après le dîner, on passa dans le jardin. L’écuyer, docile aux conseils de sa sœur, prit son voisin à part et lui proposa sans façon le mariage de sa fille avec le jeune Blifil.

M. Allworthy n’étoit pas de ces hommes dont le cœur tressaille d’aise à la nouvelle d’un avantage imprévu. La véritable philosophie régloit ses désirs et ses actions. Il n’affectoit point d’être insensible au plaisir ni à la peine, à la joie ni à la douleur ; mais les faveurs, ou les disgraces de la fortune altéroient peu la tranquillité de son ame. Il écouta la proposition de M. Western sans mon-