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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/36

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CHAPITRE III.

avec chaleur le mérite de Sophie, et de témoigner quelque étonnement, qu’un jeune homme fût capable de résister à tant d’attraits, sans avoir une autre passion dans le cœur.

Blifil l’assura que le sien étoit parfaitement libre ; puis il se mit à discourir sur l’amour et sur le mariage d’une manière si sensée, si édifiante, qu’il auroit fermé la bouche à un homme moins scrupuleux que son oncle en matière de religion. M. Allworthy demeura convaincu que Blifil, loin d’avoir aucune prévention contre Sophie, éprouvoit pour elle cette estime qui, dans une ame honnête, est le plus solide fondement de l’amour et de l’amitié. Comme il ne doutoit pas que, de son côté, le jeune homme ne réussît bientôt à plaire, il crut voir dans une union si bien assortie le gage certain du bonheur des deux familles. Le lendemain matin, du consentement de Blifil, il écrivit à l’écuyer, que son neveu avoit reçu la proposition de mariage avec autant de joie que de reconnoissance, et qu’il s’empresseroit d’aller faire sa cour à miss Western, aussitôt qu’elle daigneroit lui en donner la permission.

L’écuyer, ravi de cette bonne nouvelle, répondit aussitôt à M. Allworthy, sans en prévenir sa fille, que la première entrevue auroit lieu dans l’après-midi de ce même jour.

La lettre partie, il courut chercher sa sœur