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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/41

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TOM JONES.

notre approbation, et votre père a permis que ce soir même, votre amant vînt vous offrir ses hommages.

— Mon père !… ce soir ! s’écria Sophie, et son visage devint couleur de pourpre.

— Oui, mon enfant, ce soir. Vous connoissez le caractère impétueux de mon frère ; il sait par moi votre passion. Je la découvris le jour où vous vous trouvâtes mal auprès du petit bois ; je l’observai dans votre évanouissement, dans les premiers signes de connoissance que vous donnâtes ; je fis la même remarque le soir à souper, et le lendemain à déjeuner. (Vous savez, mon enfant, que j’ai une longue expérience du monde.) Eh bien ! j’eus à peine conté la chose à mon frère, qu’il vouloit aller sur-le-champ proposer le mariage à M. Allworthy. Il le lui proposa hier. M. Allworthy n’eut garde, comme de raison, de refuser son consentement ; et ce soir, il faut que vous vous pariez de vos plus beaux atours, pour recevoir la visite de votre amant.

— Ce soir ! chère tante, vous me causez une émotion extrême.

— Bon ? vous vous remettrez bientôt de ce trouble ; car c’est un jeune homme charmant, on ne peut en disconvenir.

— Oui, j’avoue qu’il réunit toutes les perfections, le courage, l’esprit, la bonté, la politesse,