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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/49

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TOM JONES.

regarde. Voudroient-ils qu’on allât mettre le nez dans leurs affaires ? Quoique je ne sois qu’une simple femme de chambre, je comprends parfaitement que tous les hommes ne plaisent pas de même. Eh ! que serviroit à mademoiselle d’être si riche, si elle n’étoit pas maîtresse de choisir ? Je ne dis rien ; mais quel dommage que quelqu’un que je m’abstiens de nommer ne soit pas mieux né, encore que pour moi je ne m’en misse guère en peine. Peut-être aussi ne lui trouve-t-on pas assez d’argent ? Qu’importe ? mademoiselle en a pour deux, et quel meilleur emploi peut-elle en faire ? car tout le monde conviendra qu’il n’y a pas un jeune homme mieux fait, de meilleure mine, plus agréable, plus charmant.

— Que signifie ce verbiage ? répartit Sophie d’un air sévère. De quel droit prenez-vous avec moi de pareilles libertés ?

— Daignez m’excuser, mademoiselle. Je n’avois point de mauvaise intention… mais ce pauvre jeune homme ne me sort pas de l’esprit, depuis ce matin… Si mademoiselle l’avoit vu comme moi, elle en auroit eu pitié aussi. Le pauvre enfant ! Dieu veuille qu’il ne lui soit point arrivé malheur ! Il s’est promené toute la matinée dans les environs du château, les bras croisés, et il avoit l’air si triste, que j’ai pensé pleurer en le voyant.