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Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 2.djvu/77

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TOM JONES.

puis-je oublier de même son ingratitude envers le plus généreux des bienfaiteurs ! j’ose encore cependant implorer, pour lui, votre miséricorde ; sûrement il étoit possédé ce jour-là du malin esprit. Le soir même, comme nous nous promenions M. Thwackum et moi dans la campagne, en nous félicitant des premières lueurs d’espérance que donnoit votre état, nous le surprîmes avec une fille, dans une situation que l’honnêteté ne permet pas de décrire. M. Thwackum, animé d’un zèle plus louable que prudent, s’avança vers lui pour le réprimander. Le furieux (je le dis à regret) se jeta sur ce digne homme, et lui porta des coups dont je crains qu’il ne conserve encore les marques. Les efforts que je fis pour défendre mon maître, m’exposèrent moi-même à sa brutalité. Mais, je le répète, je lui avois pardonné depuis long-temps, j’avois même décidé M. Thwackum à lui pardonner aussi, et à tenir secrète une action qu’il ne pouvoit vous découvrir sans le perdre. Maintenant qu’une indiscrétion involontaire de ma part vous en a donné connoissance, et que vos ordres absolus m’ont forcé de vous en conter les détails, souffrez que j’intercède encore une fois auprès de vous, en sa faveur.

— Ô ! mon enfant, je ne sais si je dois louer, ou blâmer la générosité qui vous a porté à me cacher un moment tant de scélératesse. Mais où