Sophie, plutôt que de la précipiter dans un abîme de maux.
Cette victoire remportée sur lui-même, fit couler dans ses veines une vive et agréable chaleur. L’orgueil qu’il en conçut chatouilla si délicieusement son cœur, que peut-être connut-il en ce moment le bonheur suprême ; mais ce bonheur ne fut qu’un éclair. Bientôt Sophie revint s’offrir à son imagination, et mêler d’amers regrets aux douceurs de son triomphe. Quelle félicité il venoit de sacrifier à l’austère loi du devoir ! Il gémit du succès de ses efforts, comme un général humain pleure sur ses lauriers, à la vue des innombrables victimes qui les ont arrosés de leur sang.
Déterminé à marcher sur les pas de ce géant, que le gigantesque poëte Lee appelle l’honneur, il ne songea plus qu’à faire ses adieux à Sophie, et s’achemina dans ce dessein vers une maison voisine, d’où il lui écrivit la lettre suivante.
« Quand vous réfléchirez sur l’horreur de ma situation, vous excuserez sans doute le désordre de cette lettre. J’ai le cœur si plein, qu’aucune expression ne peut rendre ce que je sens.
« Vous serez obéie, je fuirai votre chère, votre aimable présence. Vos ordres sont bien cruels ;