CHAPITRE XIII.
—
CONDUITE DE SOPHIE, QU’APPROUVERONT TOUTES LES PERSONNES DE SON SEXE, CAPABLES D’AGIR COMME ELLE. DISCUSSION D’UN CAS DE CONSCIENCE TRÈS-ÉPINEUX.
Sophie avoit passé fort tristement les dernières vingt-quatre heures. Sa tante l’avoit fatiguée d’un long sermon sur la prudence, l’exhortant à suivre l’exemple du grand monde, où l’amour (au dire de la bonne dame) n’étoit qu’un ridicule, où les femmes considéroient le mariage, de la même manière que les hommes envisagent les emplois publics, comme un moyen de fortune et de considération. L’éloquence de mistress Western avoit brillé sur ce texte, durant plusieurs heures.
Ces doctes discours, quoique peu conformes au goût de Sophie, l’importunèrent moins pourtant que ses propres pensées, qui ne lui permirent pas de fermer l’œil un instant pendant toute la nuit. Mais bien qu’elle ne pût goûter ni sommeil, ni repos, rien ne l’obligeant de se lever, elle étoit