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apprenant que M. Macklachlan alloit à Bath, lui offrit une place à un prix très-modéré. L’idée de cette proposition lui vint du valet d’écurie, par qui il sut que le cheval loué à M. Macklachlan aimeroit beaucoup mieux aller rejoindre à Worcester ses camarades, que de faire encore un long trajet ; d’autant plus que ledit animal, à demi fourbu, étoit maintenant une bête à deux pieds plutôt qu’à quatre.

M. Macklachlan accepta sur-le-champ l’offre du cocher, et persuada à son ami Fitz-Patrick de prendre la quatrième place dans la voiture. Celui-ci, tout moulu de son combat nocturne, trouva cette manière de voyager plus commode que celle de courir la poste à franc étrier ; et bien sûr de rattraper sa femme à Bath, il crut qu’un léger retard ne seroit d’aucune conséquence.

Macklachlan, le plus subtil des deux Irlandois, n’eut pas plus tôt appris l’arrivée d’une dame de Chester, et d’autres détails que lui donna le valet d’écurie, qu’il se figura que cette dame pourroit bien être la femme de son ami. Il communiqua cette idée à M. Fitz-Patrick, qui ne s’en étoit point avisé ; car c’étoit un de ces êtres dont la nature fabrique la tête avec tant de hâte qu’elle y oublie la cervelle. Il en est de cette espèce de gens, comme des mauvais chiens courants qui ne relèvent jamais le défaut ; mais un limier, au nez