Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/70

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sommes tenté de croire que le poëte s’est mépris sur son sexe.

La confusion fut pendant quelque temps générale. Enfin l’écuyer ayant épuisé inutilement la force de ses poumons, revint dans la salle à manger, où se trouvoient mistress Western et M. Blifil, et se jeta dans un fauteuil avec tous les signes du désespoir. Sa sœur entreprit de le consoler de la manière suivante.

« Mon frère, je suis fâchée de ce qui arrive, et du déshonneur que la conduite de ma nièce imprime à notre famille ; au reste c’est votre faute, et vous ne devez vous en prendre qu’à vous. Vous savez qu’elle a toujours été élevée dans des principes contraires aux miens ; vous en voyez les conséquences. Ne vous ai-je pas représenté mille fois le danger qu’il y avoit à lui laisser faire ses volontés ? mais je n’ai jamais pu vous engager à changer de méthode. Après les peines infinies que je m’étois données pour déraciner de sa tête de fausses idées, et pour corriger les fautes grossières où vous étiez tombé, vous l’avez retirée de mes mains. Ainsi, je ne suis responsable de rien. Si le soin de son éducation m’eût été confié sans réserve, vous n’auriez point à déplorer l’événement d’aujourd’hui. Consolez-vous donc, en pensant que tout ceci est votre ouvrage. Eh, que pouvoit-on attendre de mieux d’une foiblesse…