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120 tES PRIMITIFS FLAMANDS

melinc, que l'on tenait à cette époque pour le plus habile et le meilleur peintre de toute la chrétienté. Il était originaire de Mayence et fut inhumé à Bruges dans l'église de Saint'-Gilles. »

Ce texte, écrit par un contemporain, vient confirmer le renseignement fourni au XVP siècle par van Vaernewyck, le clironiqueur gantois, qui désigne le peintre de sainte Ursule sous le nom de « Hans l'Allemand». Il s'en faut pourtant que la note de Rombaud de Doppere ail fait régner l'unité dans les convictions des érudits. Pour M. Kaemmerer, l'illustre peintre de la Châsse de sainte Ursule devient le Bauernsobn aus Mûmling (i); pour M. Kuhn, l'artiste est membre d'une famille bourgeoise et serait né vers 1424 (2). Le savant à qui l'on doit la majeure partie de nos connais- sances positives sur Memlinc, et qui émit lui-même en i865 la supposition que le maître avait pu tirer son origine du village de M'ômling, sur la rivière du même nom entre Aschaffenbourg et Erbach, M. James Weale penche aujourd'hui pour l'origine hollandaise du maître qui serait issu d'une famille de Medemblick ou Memelic, ville de la Hollande septentrionale située au nord-est d'Alkmaar (S). Deux critiques (4) ayant allégué que le nom de la ville de Medemblick ne s'était jamais écrit sans un d, M. James Weale a répliqué par des documents puisés aux archives de Louvain et de Bruges où il est question de Memmelingen, Memelynck, Memelinc in Hollandt. Sur ce point le célèbre archéologue triomphait. L'extrait du journal de Rombaud de Doppere n'en conservait pas moins toute sa valeur; il constitue à nos ^^ux le fait décisif.

L'origine allemande du maître n'entraîne point l'obligation de terminer le nom de l'artiste par un g comme le décrètent certains critiques. Il convient ici d'écouter M. Weale qui assure que dans les textes contemporains découverts ou examinés par lui, le nom du maître se termine trente-deux fois par inc, quinze fois par ync, une fois par yncghe, une fois par ynghe et jamais par la terminaison ing. Ces constata- tions sont non moins péremploires que les notes de Rombaud de Doppere et tran- chent la question en faveur du c. Jadis c'était au sujet de la première lettre de ce nom illustre que l'on discutait âprement. Sanderus et Descamps, les premiers, commen- cèrent le nom par un H, — et les critiques allemands de rattacher aussitôt le maître aux familles Hemling de Brème et de Constance. Harzen s'écriait : « Si nous adop- tons le nom de Mcmling, le peintre Hemling est perdu pour l'Allemagne! » Or la

(1) KAEnnEitER, Memling. coll. Knackfuss. 1899.

(i) Hisloriscb^-poliUscbe Blâller. Munich, 1906.

(3) TIans Memlinc. Biographie.

(4) Œtkek et Bock. Cf. de ce dernier les savantes Memling Studien. Dusseldorf, 1900.