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LES PRIMITIFS FLAMANDS 24}

parfaitement « construite », Deux rampes d'escalier mènent à la partie supérieure où, dans une sorte de lunette, on aperçoit un Moïse en dinanderie, parent des statuettes qui décorent les architectures du triptyque Malvagna et de la Parenté de la Vierge. Jésus, installé à une table servie, a le visage étroit et allongé de certains personnages de Henricus Blesius. Le Seigneur est assis entre deux convives; celui du fond, qui pose sa main sur sa poi- trine, ressemble à Luther. Marie-Madeleine, prosternée aux pieds de Jésus, évoque certaines figures lombardes et cette impression est fortifiée par le type des deux pharisiens, debout, derrière la pécheresse. L'un d'eux, vêtu d'une houppelande à vaste col de fourrure fauve, montre en effet sa chevelure rousse, un profil nette- ment léonardesque. Au fond, sous l'escalier monumental, une seconde salle prolonge la perspective; et le peintre découvre ici son sentiment remarquable de l'espace. Cinq apôtres sont assis à une seconde table. Une colonne rouge avec ornements de métal marque la ligne médiane de l'œuvre; deux petits personnages semblent s'émerveiller de son fût gracieux. Un autre détail non moins digne d'admiration est l'horloge sus- pendue au-dessus du Christ. « Les dentelures légères de son dôme ajouré laissent entrevoir un timbre, que surmonte un amour assis tenant un marteau, en façon de Jacquemart. Ces horloges de grand luxe étaient très recherchées dans la première moitié du XVP siècle. L'Empire les avait mises à la mode et Charles-Quint les col- lectionna. Les spécimens en sont devenus rares. » (t) Au dernier plan, sous les arcades, sont dispersés des serviteurs de Simon.

Le volet de gauche représente la "Résurrection de Lazare (Fig. CLXXXVII). Ici plus encore que dans la partie centrale les visages étroits, les corps élancés, les profils où la lèvre supérieure va jusqu'à s'annihiler, font songer aux types si spéciaux de Blesius (2). Un joli paysage avec collines boisées couronnées d'un château-fort sert de cadre à la scène que complète l'apparition du Père Eternel, coiffé de la tiare.

Le volet de droite représente Marie-Madeleine élevée dans les airs par les anges (Fig. CLXXXVII) et l'artiste y interprète une page de la Légende dorée : « Sainte Marie- Madeleine, désireuse de contempler les choses célestes, se retira dans une grotte de la montagne, que lui avait préparée la main des anges, et pendant trente ans elle y resta à l'insu de tous. Il n'y avait là ni cours d'eau, ni herbes, ni arbre ; ce qui signifiait que Jésus voulait nourrir la sainte des seuls mets célestes, sans lui accorder aucun des plaisirs célestes. Mais tous les jours les anges relevaient dans les airs, où pendant une heure, elle entendait leur musique; après quoi, rassasiée de ce repas délicieux, elle redescendait

(1) A.-J. Wautbm. Conuittt oan Cmtiuioo.

(1) M- Jacobun dit du triptyque d« Maric^MadcItinc : • On p«nl regarder cMI* comfoaition coniM k cWf.,d'«a««r« i* Mm ou en tout caa comme une de aea meilleurea crialiuna. •