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LES PRIMITIFS FLAMANDS l65

(1502-1357) et de la reine Catherine avec saint Jean-Baptiste et sainte Catherine, l'autre le portrait de don Antoine de Portugal, prieur de Crato, agenouillé devant Marie et saint Antoine. Ces projets furent probablement exécutés pour l'abbaye d'Alcobaça au Por- tugal. Faut-il supposer que Pierre Coecke garda longtemps des admirateurs à Lisbonne comme semblerait le faire croire une note relevée par M. van den Branden dans un vieux catalogue? Le 3o janvier i585, le peintre Ambrosius Bosschaert et sa femme Joanna de Moras déclarèrent qu'au mois d'avril de l'année précédente, Simon Stmons avait acheté de Daniel de Villers à Anvers un précieux retable de maître Peeter van Aeist, représentant la Déposition de Croix, avec la Chute des Réprouvés et la "Résur- rection sur les volets, et la Conversion de saint Pierre à l'extérieur, lequel Daniel pré- nommé reçut l'ordre d'envoyer le dit retable à Lisbonne.

Revenu à Anvers, notre peintre nomade épousa en secondes noces la miniaturiste Maria Verhulst, de Malines, appelée également Maria Bessemers. Elle lui donna trois enfants, dont une fille. Maria, laquelle devait épouser Pierre Bruegel.

En 1537, Pierre Coecke, est doyen de la Gilde d'Anvers et la même année il dessine un vitrail pour la chapelle Saint-Nicolas de l'église Notre-Dame. L'année 1539 fut glorieuse pour notre artiste; c'est celle en effet où il publia ses Inventions de Colonnes, etc., d'après Vitruve, et sa traduction flamande de Serlio : "Règles générales de l'architecture sur les cinq manières d'édifices à savoir Tuscan, Dorique, Ionique, Corinthien et Composite. (Regelen der architecture op de vyve manieren van edifîcien, te weten, Tuscana, Dorica, Jonica, Corinthia en de Composita.) Ces publications de Coecke furent pour les Pays-Bas, et en général pour les régions germaniques, ce que 1 œuvre de fra Colonna fut pour la France. Guicciardini insiste sur ce mérite du maître alostois et la traduction française de la célèbre Description des Pays-Bas dit notamment : " Pierre Coecke d'Alost, bon peintre, subtil inventeur et traceur de patrons pour faire tapisseries, et auquel on attribue l'honneur d'avoir porté par deçà la maîtrise et vrai practique d'architecture et qui, outre ce, a traduit les œuvres insignes de Sébastien Serlio Bolonois en langue teutonne : en quoi on tient qu'il a fait un grand bien et service à sa patrie ». Nous avons vu à quel point des artistes comme Lancelot Blondeel surent tirer parti de l'érudition de Coecke. En architecture, le traducteur de Serlio fut moins un constructeur qu'un théoricien et un décorateur ; on lui attribue à Anvers la belle cheminée de la salle des échevins à l'hôtel de ville et il est prouvé qu'il travailla en 1558 à l'embellissement du palais d'un riche patricien appelé Moelnere, demeure dont il existe encore quelques vestiges, conservés au musée archéologique d'Anvers. Dessi- nateur éminent, doué, semble-t-il, d'une vive imagination et d'un esprit des plus ingé- nieux, Pierre Coecke devait naturellement devenir un maître du décor. Les services